La colonne à Francis

mardi 12 février 2008

Le guérillero de Trois-Pistoles et la politique comparée



Victor-Lévy Beaulieu (wiki) a appuyé l'ADQ aux dernières élections. Aujourd'hui, il revient faire la leçon au PQ en s'attaquant à Pauline Marois. L'écrivain québécois en a contre la récente proposition de la chef péquiste. Sa lettre d'opinion, publiée dans Le Devoir et intitulée La traitrise de Pauline Marois, se termine ainsi:

"Il m'apparaît donc urgent que le Parti québécois, à défaut de nous débarrasser de Pauline Marois la traîtresse, la soigne de sa schizophrénie galopante. Il m'apparaît aussi urgent que les Québécois francophones, par tous les moyens possibles, livrent à Mme Marois une guerre sans merci, à défaut de quoi on va finir par s'ennuyer amèrement de Gilles Duceppe et, qui l'eût pensé, même d'André Boisclair!"

Son champ sémantique, il me semble, est celui de la guérilla. Le maillon le plus original - pour le moins qu'on puisse dire - de son argumentaire est la comparaison qu'il trace entre les situations linguistiques québécoise et tibétaine. Soit le Québec suivra la voie des ex-républiques soviétiques (c-à-d qu'il quittera l'empire qui l'empêche de s'épanouir dans sa langue) et rejettera les idées coloniales de Pauline Marois; soit il subira le même sort que le Tibet, selon Beaulieu. Samedi, Michel David disait ceci à propos de la proposition de Marois:


"En politique, le sens du timing est une qualité essentielle. Une bonne idée émise au mauvais moment peut devenir une très mauvaise idée. Pauline Marois ne mesure peut-être pas l'étendue des dommages causés par son plaidoyer en faveur du bilinguisme dans l'entrevue qu'elle a accordée au Devoir en début de semaine."
(source photo: fpjq.org)

vendredi 8 février 2008

Premier retour sur un débat en cours

Toujours au sujet de la langue, voyez ce commentaire d'Alain Dubuc intitulé La «game». Dubuc y décrit une généalogie du récent débat linguistique qui rejoint en plusieurs points le contenu de trois de mes billets précédents:

- La langue sur la table: PLQ vs. PQ
- La langue en Stastny-stiques
- Le splish-splash de Pauline Marois

Notez qu'Alain Dubuc traite d'un thème que je n'ai pas abordé, soit la perte de contrôle de Pauline Marois sur le message linguistique projeté par le PQ. Par contre, Dubuc omet un sujet que je crois nécessaire à l'analyse de l'émergence du débat linguistique: l'effet de la couverture éditoriale massive qu'ont accordée La Presse et Le Devoir au dialogue sur la langue engendré par les sorties de la chef péquiste. Il ne fait aucun doute que le débat aurait pris une forme moins publique si les commentateurs politiques de La Presse ne s'étaient pas si agressivement et si tôt prononcés contre les propos de Marois. À cet effet, (re-)lisez Blitzkrieg lapress-ienne contre Marois et Le splish-splash de Pauline Marois.

Pour vous mettre à jour sur les positions linguistiques (officielles) actuellement promues, voyez, pour le PLQ, Coup de barre pour le français, et pour le PQ, A History of the Conquest et Marois veut des élèves bilingues.


(source photo: ledevoir.com)

mercredi 30 janvier 2008

La langue sur la table: PLQ vs. PQ



Il devient de plus en plus clair que le Québec n'échappera pas à un nouveau débat linguistique. Pour l'instant, l'imbroglio ne porte que sur l'interprétation à donner aux statistiques, mais déjà La Presse et Le Devoir lui consacrent une couverture éditoriale considérable.


Qu'est-ce qui permet, outre la couverture médiatique, de prévoir le retour d'un débat portant sur la langue? Le simple fait que "la protection du français" constitue sans doute le meilleur cheval de bataille que le PQ puisse enjamber dans la situation tripartite actuelle. Le cheval de "la protection de l'identité", d'élevage adéquiste, n'enchantait guère le PQ, qui préfère promouvoir l'idéal d'une société plurielle et moderne. Mais en insistant sur la fragilité du français en Amérique du Nord, Mme Marois peut espérer rallier une bonne partie de l'électorat péquiste du temps où l'ADQ était marginal. Et du coup, le thème de l'identité devient corollaire; l'élection de Mme Marois: probable.

En effet, comme la protection du français est un thème largement identifié au PQ, la recrudescence du débat linguistique ne peut qu'avantager Mme Marois, puisque l'électorat qui est susceptible de trouver convaincant un discours reprenant la thématique linguistique se divise actuellement principalement entre l'ADQ et le PQ. Les groupes qui craindraient un renforcement de la loi 101 sont quant à eux déjà dans le camp du PLQ. D'opinion contraire, Michel C. Auger écrivait la semaine dernière que Mme Marois a tort de parler de langue alors que l'économie devient la préoccupation principale des Québécois, mais son analyse semble reposer sur des prémisses qui prévalaient à l'époque de l'Assemblée bipartite.

Comment le PLQ peut-il se défendre contre ce nouveau discours? Peut-être en accusant Mme Marois d'un mélange de malhonnêteté intellectuelle, de petitesse politique, d'incompétence et de soumission aux éléments plus radicaux du PQ. Déjà-vu? (... Charest vs. Dumont, Charest vs. Boisclair...) Peut-être, sauf que cette fois le PQ est plus uni et donc apte à défendre son chef. Et l'image publique de Mme Marois est loin d'être aussi malléable que celle de MM Dumont et Boisclair. De plus, la thématique linguistique est bien ancrée dans notre culture politique et recevra par conséquent une attention particulière. Il suffirait à Mme Marois de présenter une politique linquistique bien ficelée pour saisir toute l'attention médiatique, mettre Jean Charest sur la défensive, et créer une impression d'urgence qui diminuerait l'importance relative des questions d'ordre économique. Autrement dit, une défense libérale ne misant que sur l'image de la chef péquiste paraît dangereuse parce qu'elle pourrait laisser le temps à Mme Marois de mettre sur rail un train que les libéraux pourraient ne plus savoir rattraper.

C'est dans cette optique que je lis le dernier éditorial d'André Pratte, où celui-ci propose la création d'un Ministère (provincial) de la Population, qui "regrouperait les activités du ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles à celles de la partie «famille» du ministère de la Famille et des Aînés et au volet «application de la Charte de la langue française» du ministère de la Culture."


Le titulaire du nouveau portefeuille devrait avoir fait ses preuves par sa rigueur, sa modération et sa capacité à gérer les crises. Philippe Couillard? Michelle Courchesne? Line Beauchamp?


La création de cette nouvelle entité n'empêcherait en rien le gouvernement d'accorder priorité à l'économie. C'est même le contraire. Le développement économique futur du Québec dépend notamment de l'augmentation de la population. Celle-ci repose sur une hausse du nombre de naissances et sur l'intensification de l'immigration.


Pour que cette dernière ne soit pas vue comme une menace, les mesures en faveur de la francisation des immigrants doivent être considérablement renforcées, tandis que la loi 101 doit être appliquée avec doigté et détermination. Tout cela se tient.


En plus de permettre une action gouvernementale plus forte dans ces domaines, la mise en place d'un ministère de la Population sensibiliserait les Québécois au fait que la croissance démographique est absolument essentielle à leur survie à long terme comme nation originale en Amérique.

Bien qu'André Pratte se soit clairement prononcé contre une récupération politique de statistiques linguistiques incomplètes, son éditorial témoigne de son inquiétude devant la montée de la thématique linguistique. Selon mon interprétation, Pratte estime que la défense libérale devra miser non seulement sur l'image de Mme Marois et sur les thèmes économiques, mais également sur la proposition d'une politique linguistique alternative à celle du PQ. Si Marois dit: "il faut protéger la langue et élire le PQ", le PLQ doit répondre "voici notre plan pour protéger la langue et l'économie" plutôt que "c'est le temps de penser à l'économie alors que Mme Marois ne pense qu'à la langue." De toute évidence, il sera plus facile pour le PLQ de promouvoir une image négative de la chef péquiste si celle-ci doit défendre 'un plan péquiste de protection du français' contre 'un plan libéral de protection du français dans une perspective de croissance économique' que si elle doit défendre 'le français' contre 'la croissance économique'. Si le PLQ a à craindre le départ du train linguistique, mieux vaut qu'il s'y accroche dès maintenant, selon Pratte.


Mais il est à noter que la stratégie promue par André Pratte n'est pas la seule envisageable pour le PLQ. Si le diagnostic que je trace est juste, le Premier Ministre pourrait également faire équipe avec Mme Marois pour régler la question avant les prochaines élections et couper l'herbe sous les pieds du PQ. Cette stratégie, appelée triangulation (wiki), a été utilisée par Bill Clinton comme par François Mitterand dans des situations où leur survie politique en dépendait. Avec la bonne dose de spin, elle est généralement couronnée de succès électoral. Il n'est pas exclu, non plus, que Jean Charest décide d'essayer d'imposer ses propres thèmes et de mettre le couvercle sur le débat linguistique: dangereuse stratégie qui laisserait beaucoup de latitude à Mme Marois.




(source photo: editionsvp.fr)

vendredi 25 janvier 2008

La langue en Stastny-stiques

Voilà ce qui est également caché à la population» dans l’aveuglante clarté des études démo-linguistiques. Le réel succès des politiques linguistiques québécoises. - Yves Boisvert


En lien avec ma note de la semaine dernière Le splish splash de Pauline Marois (qui fut soit dit en passant publiée dans LeDevoir du 19 janvier sous forme de lettre), je conseille L'autre secret sur le français d'Yves Boisvert. Le chroniqueur juridique de La Presse y explique clairement la signification de différentes statistiques citées dans le cadre du récent débat sur notre politique linguistique. Il traite également des accusations portées à l'endroit du gouvernment Charest suite au retard dans la publication de certains rapports.


(source photo: sportsencyclopedia.com)

mercredi 23 janvier 2008

Pot-pourri: Gaza, et caetera

(source photo: boston.com)

Quelques petites nouvelles:
* Le Devoir publie un aperçu du rapport Castonguay. On dit:

Il y a tout lieu de se surprendre que les trois membres de la commission aient pu surmonter leurs différences idéologiques pour arriver à signer un rapport unanime.(...)

Le groupe de travail s'est largement inspiré des expériences en Europe, où la population est en meilleure santé qu'au Canada ou aux États-Unis, où elle est plus satisfaite des services reçus et où les soins coûtent moins cher. (...) Michel Venne a cité une étude, commandée par le groupe de travail, qui constate que l'accessibilité des Québécois aux soins de santé est l'une des moins bonnes du Canada, déjà dans le peloton de queue à cet égard parmi les pays développés.

* En Palestine, des dizaines de milliers de gens se sauvent de la bande de Gaza après avoir fait tomber le mur qui sépare le territoire de l'Égypte. Une proportion d'entre eux revient après un tour à l'épicerie. (regardez les photos et voyez les liens à droite)

* Aux États-Unis, Ron Paul, le candidat libertarien à l'investiture républicaine, reçoit l'appui de Jane Roe (wiki), qui s'était rendue en Cour Suprême des États-Unis pour défendre le droit à l'avortemet. Jane Roe s'est depuis ralliée au mouvement pro-vie.

* Dans la campagne à l'investiture démocrate, John Edwards laisse sous-entendre que ses relations avec Clinton et Obama se sont un peu détériorées > dans une entrevue télé à David Letterman.

* Par contre, cette photo laisse penser que dans l'fond, y s'aiment ben. Photo du jour, prise lundi:

* Les néo-démocrates dévoilent le nom d'un premier candidat québécois high profile. Il s'agit de Cheryl Gosselin, professeure à Bishop's dans le département des Women's Studies.

* Dans mon dernier billet, Gilles Duceppe regarde à gauche, je prévoyais que Duceppe se positionnerait à gauche et éviterait de parler de souveraineté à l'occasion d'une éventuelle campagne cet hiver. Aujourd'hui, Michel C. Auger écrit que le PQ fait une erreur en parlant d'identité et de loi 101 alors que l'économie devient la préoccupation principale des Québécois. Il prédit conséquemment la survie du gouvernement Charest au-delà de la session parlementaire. Le tout dans le cadre d'une discussion théorique sur les effets qu'une récession peut avoir sur un gouvernement.

* Inutile de vous suggérer des liens à propos du rapport Manley sur l'Afghanistan. On en parle partout. Manon Cornellier propose une analyse originale aux abonnés du Devoir.


(source photo: thePolitico.com)

samedi 19 janvier 2008

Gilles Duceppe regarde à gauche


"La thématique et la stratégie sont prêtes" dit Gilles Duceppe.
Tout indique que nous nous dirigeons vers une élection fédérale avant l'été. Gilles Duceppe a laissé entrevoir sa stratégie électorale "à l'occasion d'une journée de formation" pour députés et militants. Il semble que la souveraineté aura une place bien maigre dans son arsenal discursif au cours des prochains mois. Vous vous en convaincrez peut-être en visionnant l'entrevue qu'il a accordée à Patrice Roy le 18 décembre. (Voyez le Téléjournal du 18 décembre et avancez à la 28è minute.)

Plutôt que de chercher à mettre la main sur le vote nationaliste, qui s'est en partie déplacé vers le Parti Conservateur (Et non sans cause! Prenez-en pour preuve la réaction conservatrice aux récents propos de Justin Trudeau) Gilles Duceppe se postionnera comme chef d'un parti d'opposition de gauche. Avec la relative faiblesse des libéraux et des néo-démocrates au Québec, c'est le terrain le plus fertile à l'horizon. Tant que Jack Layton et Stéphane Dion ne se déferont pas de l'étiquette centralisatrice, le Bloc aura beau jeu de se présenter comme le seul grand parti de gauche respectueux des aspirations québécoises. Comme les québécois ont davantage à reprocher à Stephen Harper sur le plan de la politique environnementale, économique, culturelle que sur le plan des relations fédérales-provinciales, cette stratégie est la seule qui permette au Bloc d'espérer rester en mode offensif durant la campagne.

Évidemment, cette position ne demeurera pas aussi confortable très longtemps. Il suffirait d'un Michael Ignatieff à la tête des libéraux pour de nouveau remettre en question la pertinence du Bloc. Mais Gilles Duceppe ne s'est jamais opposé à des thèmes de campagne à espérance de vie limitée - pensez aux deux dernières campagnes... Notez que Duceppe fixe la barre à 38 sièges pour demeurer à la tête du Bloc.

Dans une perspective où l'on pourrait voir plusieurs gouvernements minoritaires se succéder à Ottawa, ce repositionnement devrait, pour un temps, rendre le Bloc plus "vendable" comme allié parlementaire au Canada anglais. Pour l'instant, that's where the Bloc stands. Et il ne devrait pas bouger à moins d'une montée libérale ou néo-démocrate au Québec.
(source photo: viewimages.com)


vendredi 18 janvier 2008

Nazis, Scientologie, Tom Cruise et la bombe atomique

Deux liens web:
Premièrement, voyez cette vidéo en anglais où Tom Cruise parle de la Scientologie (wiki). Il s'agit d'une vidéo présentée en exclusivité sur Gawker.com. Le site prétend qu'elle démontre l'endoctrinement dont Cruise ferait l'objet. Quand la science s'intéresse à la religion, l'effet est généralement libérateur. Mais quand la religion se base sur des théories scientifiques, l'effet est immanquablement l'essentialisation à l'extrême de l'expérience humaine, comme en fait foi le témoignage de Tom Cruise.

"If you're a Scientologist, you see life, you see things the way they are. In all its glory, its complexity. (...) So it's our responsibility to educate, to create the new reality." -TC

L'intérêt de mettre en ligne ce lien est de permettre une plus vaste consultation de la vidéo, dont la diffusion est très limitée.
(P.S. Voyez cette entrevue avec l'auteur du livre en question.)

Deuxièmement, en suivant ce lien vous découvrirez que les nazis auraient développé la bombe atomique bien avant que les Américains ne bombardent Hiroshima, mais qu'ils auraient choisi de ne pas l'employer.

(Pourquoi un champignon?)



mercredi 16 janvier 2008

Le splish-splash de Pauline Marois


Celle-là, Mme Marois, comme dirait votre prof d’anglais: «I don’t get it», d'écrireYves Boisvert
Il semble que Pauline Marois ait décidé que la paix linguistique peut être sacrifiée au nom de gains électoraux.

Statistique Canada doit publier les données sur la langue au travail issues du dernier recensement dès ce printemps, mais Mme Marois a choisi de cogner sur le clou de la langue sans les attendre, profitant de la vague créée par une étude douteuse (voir dossier) du Journal de Montréal. Il est évident que Marois espère ainsi s'identifier auprès des électeurs comme la chef qui prend la protection du français le plus à coeur. Mais il est malheureux que Mme Marois s'achète cette étiquette en empruntant la voie facile: celle de la division. Tout comme dans le cadre du débat sur la citoyenneté, la chef péquiste choisit d'attirer l'attention sur ses préoccupations en jetant un pavé dans la mare sans s'inquiéter du fait que le pavé se désintègre au contact de l'eau. Ce sont, il semble, les vagues qui l'intéressent.

Certes, Marois répond à un impératif stratégique, mais il eut été plus magnanime (ou responsable... ou honnête...) d'y répondre avec un projet de loi sérieux fondé sur des données crédibles. La qualité des femmes (et des hommes) politiques se mesure à leur capacité à remplir de manière concomitante des objectifs politiques - au sens noble du terme - et des objectifs stratégiques; ainsi qu'à leur refus de soumettre le bien commun aux intérêts partisans. Mme Marois a choisi la rhétorique divisive devant la paix linguistique, et cela sans avoir démontré que le débat linguistique mérite d'être ré-ouvert. En d'autres termes, Madame Marois divise pour régner sans avoir fait la démonstration que la division a des effets louables au-delà de son règne. Le PQ d'abord; le tissu social ensuite.

On ne devrait pas se surprendre du fait qu'Yves Boisvert, Vincent Marissal et André Pratte (tous trois de Cyberpresse) dénoncent Marois à l'unisson:
Des vagues, direz-vous?
Elle ne pouvait espérer mieux?

Toujours est-il que Madame Marois s'éloigne petit-à-petit de l'idéal de René Lévesque, qui aurait par ailleurs sans doute préféré une partie de poker avec M Charest à une partie de splish splash avec M Dumont. Alors que Lévesque se tiraillait avec son parti sur des questions de fond pour protéger ce qu'il percevait comme le bien commun des québécois, Mme Marois tiraille le bien commun pour protéger son parti sans considération pour le débat de fond.


(source photo: renartleveille.wordpress.com)


samedi 12 janvier 2008

Chalk River: Vladimir ou la démission?



André Pratte, Manon Cornellier et Michel David consacrent tous trois leur chronique du samedi à l'affaire Chalk River. Selon Michel David, le ministre conservateur Gary Lunn (wiki) a commis une erreur plus grave que celle qui a mené à la démission de Jean Charest en 1990.
*

Manon Cornellier explique en termes on ne peut plus clairs en quoi le ministre Lunn s'est mis dans une position intenable:
*

"L'affaire du réacteur de Chalk River a rebondi quand on a appris que le ministre des Ressources naturelles, Gary Lunn, menaçait la présidente de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), Linda Keen, de renvoi pour ne pas avoir obéi à ses ordres."

*
Cornellier explique également en quoi la rhétorique partisane du Premier Ministre Harper l'a mis dans une situation embarrassante. André Pratte réagit plus fortement à l'attitude du Premier Ministre dans ce dossier et intitule son éditorial Vladimir Harper, puis fait référence à "l'autoritarisme" de Vladimir Poutine.
*


(source photo: garylunn.com)




Samedi 5 janvier 2008

Barack Obama vs. Hillary Clinton

Obama 38%; Edwards 30%; Clinton 29%;


Les résultats des caucus de l'Iowa ont mis Barack Obama à l'avant-scène de l'actualité médiatique. Bien que Hillary Clinton mène par quelques points dans les derniers sondages au New Hampshire, le prochain état à tenir des primaires, il ne lui reste que 4 jours pour ralentir une tendance qui semble très lourde. Cette tendance promet de prendre de l'ampleur avec la visibilité que reçoit dorénavant le sénateur de l'Illinois. Si Obama gagnait au New Hampshire mardi, il serait en excellente position pour la primaire de la Caroline du Sud du 26 janvier, où les Afro-américains forment une partie importante de l'électorat démocrate. Ces trois victoires lui conféreraient une avance difficilement surmontable. (Voyez son discours de victoire avec les commentaires de Richard Hétu.)

On comprend mieux pourquoi la campagne Clinton semble perdre le Nord malgré une avance nationale qui semblerait confortable en d'autres circonstances. D'autant plus que le camp Obama a su imposer le thème du changement, dont l'appeal a eu raison de la majorité des autres candidats. Clinton, qui a voulu un (court) temps se présenter comme la candidate d'expérience, semble changer de stratégie à nouveau. Tout cela a eu raison de la cohérence que sa campagne affichait il y a quelques semaines encore.

Alors que les Clinton n'arrivent plus à trouver leur pied dans l'environnement discursif imposé par Obama et Edwards, ces derniers répètent sans broncher qu'il est temps d'élire un président qui n'est pas issu de l'establishment de Washington.

Chez les républicains, les résultats laissent présager une course tout aussi imprévisible. Mike Huckabee, le vainqueur en Iowa, ne pourra pas remporter la primaire du New Hampshire ni récolter la médaille d'argent. Il pourrait même être devancé au troisième rang par Ron Paul, le candidat libertarien qui compte sur le support de nombreux indépendants. Mitt Romney, le richissime homme d'affaire du Massachusetts, doit stopper la montée de John McCain pour demeurer dans la course. McCain est certainement le candidat républicain à l'image la plus solide. Il a également remporté la primaire du New Hampshire devant Bush en 2004. Rudy Giuliani, quant à lui, est en chute libre dans les sondages nationaux comme locaux (New Hampshire, Caroline du Sud, Floride) et les observateurs sont de moins en moins nombreux à croire en la viabilité de sa candidature. En effet, il est difficile d'envisager une remontée pour l'ancien maire de New York à moins d'un attentat terroriste durant les mois à venir. (Voyez sa nouvelle pub sur le terrorisme.) Il menait dans les sondages avec une avance considérable depuis le début 2007.

L'investiture démocrate ira sans doute à Clinton ou Obama. Chez les républicains; Romney, McCain, Giuliani et Huckabee sont tous dans le peloton de tête. D'où l'importance capitale des débats Facebook-WMUR-ABC qui seront présentés en programme double à compter de 19h samedi le 5 janvier, à trois jours des primaires. Une piètre performance - en termes comparatifs - pour Clinton ou Romney pourrait éteindre leurs ambitions présidentielles bien plus tôt que prévu. (Voyez les débats en direct sur ABC. ** Pardon, ABC.com ne présente pas les débats. (???) Il faut creuser jusqu'à WMUR! Le débat.)

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Certains trouveront intéressant cet outil interactif de USA Today. Il vous permet d'identifier le candidat qui conviendrait le mieux à vos préférences. Son interface originale le rend digne de mention.

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Cet article du New York Times traite des habitudes de sommeil des candidats et vous donnera une idée de la pression sous laquelle ils se trouvent. Mardi, John Edwards avait un dernier rendez-vous à minuit. Mercredi, il se levait pour rencontrer des électeurs à 2:15 du matin. Giuliani a été hospitalisé le mois dernier, prétendument à cause de la fatigue.

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Finalement, certains trouveront intéressantes les prédictions des commentateurs, journalistes et stratèges au sujet des stratégies que suivront les candidats au cours des prochains jours. (Tous les candidats, Obama, McCain, McCain encore, Clinton, Clinton encore, Paul, Huckabee, .)

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D'autres préféreront procrastiner devant la bourse des candidats, qui prédit souvent mieux que les sondages les résultats électoraux.

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D'autres encore se réjouiront d'apprendre que la "campagne négative"dans laquelle les Clinton veulent se lancer pourrait vite s'avérer dangereusement contre-productive.

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Voyez mon billet précédant sur les primaires américaines.

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Dimanche 23 décembre 2007

Entre 2007 et 2008

C'est le temps des bilans 2007 et des prédictions pour 2008. Michel C. Auger de Radio-Canada parlait de scénarios électoraux la semaine dernière et propose maintenant un bilan préliminaire du gouvernement minoritaire à Québec. Ses scénarios rejoignent en plusieurs points l'excellente analyse de Denis Lessard sur Cyberpresse. Lessard y traite des circonstances stratégiques auxquelles font face les trois chefs provinciaux ainsi que des scénarios électoraux envisageables. Il révèle que Pauline Marois et Gilles Duceppe se sont rencontrés en secret à la mi-décembre.



Au sujet de la scène fédérale, Patrice Roy dresse un palmarès des événements l'ayant le plus marquée en 2007.



Finalement, Richard Hétu signe un long article décrivant les courses aux investitures américaines où il dresse le bilan des tendances qui se sont dessinées au cours des dernières semaines.



Quelles sont vos prédictions pour l'année à venir?

Encore mieux, quand prédisez-vous que nous aurons un nouveau premier ministre provincial?

Lundi 17 décembre 2007

Qui sera le prochain président américain?

Le 3 janvier prochain, les électeurs de l'Iowa, un état du MidWest américain de 3 millions d'habitants, voteront à l'occasion du premier d'une longue série de caucus et d'élections primaires. Cinq jours plus tard, ce sera aux électeurs du New Hampshire (1.3 millions d'habitants) de se prononcer sur les candidats qu'ils veulent voir dans la course à la présidence. Pour les démocrates, le flambeau passera ensuite...

- au Michigan (15 janvier - 10.1 millions)
- au Nevada (19 janvier - 2.4 millions)
- à la Caroline du Sud (26 janvier - 4.3 millions)
- à la Floride (29 janvier - 17.8 millions)

... puis le 5 février, ce seront 22 états qui tiendront leurs caucus et primaires en même temps lors du fameux Super Tuesday. Le 6 février, il est probable que nous ayons une bonne idée de l'identité des candidats qui remporteront les investitures démocrate et républicaine.

Le caractère démocratique du processus de sélection des candidats des deux grands partis américains impressionne, surtout quand on le compare à certaines de nos courses à la chefferie. Mais si ce processus en est un des plus ouverts au monde, il est aussi un des plus compliqués. Pour vous y retrouver, nous vous proposons quelques liens:

  • YouTube YouChoose vous permet de consulter les vidéos des différents candidats. Vous y verrez certaines de leurs publicités et certains de leurs discours, et vous y trouverez des liens vers leurs sites officiels.

N'hésitez pas à nous suggérer d'autres liens!

Lundi 17 décembre 2007

Bienvenue au Pommier !

L'équipe de LePommier.ca vous souhaite la bienvenue sur son nouveau blogue!

Le projet LePommier.ca vise à terme à créer un site de référence sur la politique québécoise où les internautes trouveront toutes sortes de ressources qui faciliteront la consommation de l'information portant sur la politique au Québec. Éventuellement, LePommier.ca vous présentera des entrevues exclusives avec des acteurs politiques, vous permettra de consulter les sondages ainsi que les communiqués de presse pertinents, commentera sur les chroniques des différents commentateurs politiques québécois et canadiens, et vous donnera accès à des chroniques exclusives.

Le premier objectif qui guide l'équipe du Pommier est de rendre l'information politique de qualité plus accessible. Dans un environnement cybernautique où le commentaire rigoureux est dispersé et séparé par plusieurs clics, nous croyons qu'un site donnant accès aux multiples sources d'information et de commentaire sera plus qu'apprécié.

C'est dans cette optique que nous lançons aujourd'hui notre blogue, qui vous donne accès aux pages des chroniqueurs politiques que nous jugeons les plus pertinents ainsi qu'à nos propres commentaires.

Nous espérons que vous ferez de nous vos courtiers de l'information et nous sommes impatients de lire vos commentaires et suggestions.


- L'équipe de LePommier.ca


Spécial primaires américaines

*** *** VENDREDI 22 FÉVRIER *** ***
McCain et l'adultère: sources et conséquences de la fuite
Peopliser vis-à-vis d'une rock star: les robes de Hillary
Les 16 avantages de la campagne d'Obama
Comment Clinton peut-elle se défendre? (10 stratégies)
***
Au sujet des primaires américaines, voyez nos billets précédents 'Qui sera le prochain président américain?' et 'Barack Obama vs. Hillary Clinton' (ci-bas). Voyez aussi le blogue Cyberpresse de Richard Hétu.
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dimanche 27 janvier 2008

Les deux ans de Stephen Harper

Il y a eu une dizaine de chroniques portant sur les "deux ans" de Stephen Harper.

Vincent Marissal
dans La Presse, Don Martin dans le National Post et Bernard Descôteaux dans Le Devoir tracent tous des bilans relativement semblables du Premier ministre et son mandat jusqu'à maintenant.

On parle du départ canon, des cinq priorités, des bons coups (nation), des moins bons (contestation judiciaire), de son côté autoritaire, de l'Afghanistan...

Trois chroniques avec trois angles différents, mais toutes relativement positive pour Harper et ses Conservateurs.

Une remarque personnelle: Je ne sais pas ce que fait Harper depuis un an. Sincèrement, j'ai l'impression qu'on stagne. Sur le dossier de l'Afghanistan, aucun progrès. Sur le fédéralisme, rien. Sur l'environnement, rien. Sur l'économie, rien. Sur les impôts, réduction d'un point sur la TPS. Sur le code pénal, rien. Réforme constitutionnelle, rien. Les autochtones, rien. Les droits d'auteur, un projet de loi qui n'a pas été déposé. Santé, rien. Grands projets... aucun.

Bref, pour moi, la deuxième année du Gouvernement Harper termine comme elle a débuté, sans vision, sans grands projets et sans grands accomplissements. Et surtout, et ça semble être le critère déterminant pour nos chroniqueurs nationaux, sans grandes gaffes non plus.

TQS doit fermer

Gil Courtemanche, auteur et journaliste pour Le Devoir, a massacré TQS dans sa dernière chronique "Pour en finir avec TQS". Il milite en faveur de la fermeture de la chaine:

En information, le pain et le beurre de TQS sont le trottoir mal déneigé qui provoque une foulure de la cheville, l'handicapé intellectuel qui parvient à se débrouiller, le scandale catastrophique du déneigement, les nids-de-poule et le vendeur de hot-dogs paraplégique. Sur les sujets complexes comme la santé, TQS nous propose les yeux courroucés de Jean-Luc Mongrain qui se demande comment ces «bureaucrates incompétents» ne parviennent pas à contrôler une petite «bibitte» comme la bactérie C. difficile. En information, TQS alimente et conforte l'ignorance et le préjugé. Surtout, elle nourrit ceux qui croient que le monde n'est fait que d'incendies, d'accidents, de chaînes du bonheur, de meurtres et de familles généreuses qui accueillent un immigrant. Suivez l'information sur cette chaîne si vous souhaitez ne pas savoir que le Darfour existe, que les États-Unis existent, que le monde existe. Même pas le monde, mais Québec et Ottawa, le Québec et le Canada, la politique, oui, la politique qui existe à TQS uniquement pour dire que les députés et les ministres sont des imbéciles et probablement des gens corrompus. Tout cela, TVA le fait avec un peu plus de noblesse et d'intelligence. TQS est une sorte de TVA des pauvres d'esprit.

Si TQS ferme, de quelle créativité serons-nous privés? Nous serons privés du Loft et d'Elvis Gratton. C'est comme être privé du choléra et de la pollution. Nous serons privés des pires films américains, de chiens qui mordent les couilles de leur maître, de femmes obèses qui s'écrasent sur un trampoline, de bébés qui régurgitent sur leur papa qui s'esclaffe de rire. Mais malgré le chien qui mordille son maître, il faudrait sauver TQS. Dieu que nous, gens de communication, sommes complaisants et protecteurs de nos intérêts! Nous protégeons nos emplois sans nous demander s'ils ont un sens, même si nous savons que nous défendons la bêtise et l'exploitation des préjugés. Au choeur des pleureuses s'est joint hier le chef de l'ADQ, lui aussi au nom de la «diversité». Mario n'en est pas à sa première défense de l'information-poubelle. Il était aussi monté aux barricades pour sauver la radio de Jeff Fillion avec toute sa démagogie, sa propension à l'injure et au libelle. Cela ne nous surprendra pas; l'information à TQS distille l'ensemble des préjugés et des désinformations dont se nourrit joyeusement le chef adéquiste. Les démagogues sont solidaires des démagogues.
C'est probablement la première chronique écrite en faveur de la fermeture de TQS. Même si sa chronique me fait sourire... J'ai un peu de difficulté à comprendre la logique de Courtemanche... TQS n'a pas le même mandat que Radio-Canada. C'est une télévision pour "divertir", et s'il y a des millions de Québécois qui la regarde à toutes les semaines, je ne vois pas en quoi c'est problématique qu'elle opère. La comparaison avec Jeff Fillion est lourde, même si certaines émissions sur TQS dérapent de temps en temps. (Tout comme certaines sur Télé-Québec)

En revanche, je ne crois pas que c'est le rôle de l'État de venir "sauver" une chaine privée. Et je trouve ça particulièrement déplacé que la Ministre Christine St-Pierre s'en prenne à la SRC.

Caricature italienne

Je veux bien que l'Italie serve d'exemple aux opposants de la réforme électorale. C'est devenu cliché de dire que l'Italie et l'Israël sont des pays instables, toujours en élections, etc. L'éditorial de Serge Truffaut dans Le Devoir intitulé "61 cabinets", ne fait qu'ajouter aux clichés:

La démission du premier ministre italien Romano Prodi confirme une des singularités politiques de la péninsule: la culture de l'instabilité. Depuis 1948, date de fondation de la République, ce pays a été dirigé par 61 cabinets, dont le tiers au moins étaient corrompus. En un mot, on passe de l'un à l'autre aussi naturellement qu'on change d'année ou qu'on remonte sa montre.
Quelle image. 61 cabinets en 60 ans. Et puis quoi? Depuis que Stephen Harper est Premier ministre, le Canada a eu deux remaniements ministériels. 1.5 cabinets par année! Certes, la situation est différente. Je l'accorde. Mais depuis 1948, justement, l'Italie a tenu 15 élections générales. Et le Canada? 19.

vendredi 25 janvier 2008

N'importe quoi

Titrer le journal avec une nouvelle importante. C'est le but de tout quotidien. L'article en une de La Presse de vendredi, ne fait que reprendre ce que Norman Spector avait écrit dans Le Devoir, sans même lui parler. Joël-Denis Bellavence n'a même pas été en mesure de parler avec Spector ou qui que ce soit concernant la nouvelle du 24 Sussex. Pire, il ne fait qu'obtenir des commentaires d'un député qui se fait poursuivre par Brian Mulroney.

C'était sur la page A7 dans Le Devoir de jeudi. Page A1 de La Presse de vendredi. La même nouvelle... Avec une nuance: La Presse n'a fait que reprendre le texte du Devoir, tandis que celle du Devoir venait de la source principale.

Pas fort.

jeudi 24 janvier 2008

Merci, bonsoir.

Norman Spector, ancien directeur de cabinet de Brian Mulroney, dans le Devoir du 24 janvier:

"Dans dix jours, je témoignerai devant le comité d'éthique de la Chambre, à son invitation. Les députés s'intéresseront sans doute à ma bonne connaissance du projet Bear Head alors que j'étais chef du cabinet de M. Mulroney. J'espère également aider le comité à comprendre les motivations et le comportement de mon ancien patron en citant d'autres dossiers. Finalement, documents en main, je compte bien être en mesure de les aider à identifier la source de grandes quantités d'argent comptant rapportées au 24, promenade Sussex, alors que M. Mulroney était premier ministre du Canada."
Pardon? Grandes quantités d'argent comptant rapportées au 24 Sussex? Wow.

Et pourquoi pas? Norman offre un jab à Lysiane Gagnon:
Samedi dernier, la chroniqueuse Lysiane Gagnon expliquait aux lecteurs de La Presse que Brian Mulroney doit principalement ses difficultés au Canada anglais au fait d'avoir négocié l'accord de libre-échange canado-américain et, surtout, l'accord du Lac-Meech. Elle y critiquait «l'acharnement que met [...] une certaine presse torontoise à fouiller dans la petite histoire du régime Mulroney pour y trouver la preuve que l'ancien premier ministre était un personnage véreux».

Il est intéressant de noter que Mme Gagnon a omis cette explication de l'affaire Mulroney-Schreiber dans sa chronique publiée lundi dans le Globe and Mail. C'est une bonne chose. Après tout, c'est le Globe qui a rapporté en premier lieu l'histoire des paiements en espèces faits à M. Mulroney. Et c'est encore le Globe qui a employé la journaliste Stevie Cameron, que Mme Gagnon critique vivement. D'ailleurs, contrairement à la thèse avancée par Mme Gagnon, le Globe and Mail a été un des défenseurs les plus dévoués du libre-échange et du Lac-Meech.

En fait, M. Mulroney a reçu énormément d'aide de la part de ses amis des médias torontois. Le Globe and Mail a eu l'exclusivité de cette histoire parce que le National Post a carrément refusé de la publier. Le journaliste Philip Mathias a pris connaissance des paiements en espèces en 2001. Son rapport a ensuite été scruté par les avocats du National Post. Devant le refus de ses patrons de publier son article, il a écrit une lettre de protestation aux propriétaires de son quotidien, Conrad Black et Izzy Asper. En vain. On comprend aujourd'hui pourquoi il a pris une retraite anticipée.

Aujourd'hui, l'histoire des paiements en espèces faits à M. Mulroney est sur toutes les lèvres. Pourtant, M. Mulroney a toujours le soutien de médias amicaux, même au Québec. Faut-il y voir une simple coïncidence si l'affaire Schreiber-Mulroney a été reléguée aux dernières pages du Journal de Montréal? Sans oublier le nombre de chroniqueurs des journaux du groupe Gesca -- y compris Mme Gagnon elle-même -- qui ont invité le premier ministre Stephen Harper à extrader M. Schreiber en Allemagne avant même qu'il ne puisse comparaître devant le comité d'éthique de la Chambre des communes et qui, aujourd'hui, militent contre la tenue d'une enquête publique?
Merci, bonsoir Lysiane Gagnon.

mercredi 16 janvier 2008

Blitzkrieg lapresse-ienne contre Marois

Francis parle déjà longuement sur le sujet, mais il y a un élément qui mérite
d'être ajouté.
Il est possible d'obtenir un emploi de service à la clientèle, sans même parler un mot de français. Pourtant, la loi dicte clairement que c'est le droit de tous les Québécois de se faire servir en français. (art. 2 et 5)

Okay. Pauline Marois s'insurge et demande un renforcement de la loi 101. La classe médiatique s'en prend à Marois qui s'aventure un peu trop sur le terrain à Mario Dumont. Mais si on pousse la recherche un peu...

La Presse est probablement la seule publication au Canada qui peut, dans la même édition, avoir quatre chroniqueurs/éditorialistes qui s'attaquent à une idée. C'est un pouvoir assez intéressant qui donne l'impression qu'il y a une forte réaction négative à l'endroit d'une seule personne/idée.

Dans la journée de mercredi seulement, Vincent Marissal, Yves Boisvert et Alain Dubuc ont tous écrit une chronique critiquant Pauline Marois. André Pratte a signé un éditorial demandant un retour au calme. Et pendant ce temps, Dubuc a tourné une vidéo pour le site de Cyberpresse.

Dans le Voir, Josée Boileau adopte une position complètement différente de celle de La Presse. Le Devoir ignore complètement la question. Le Journal de Montréal, qui n'a pas de position éditoriale, n'a que ses chroniqueurs pour prendre des positions et ceux-ci semblent indifférents et ne s'opposent pas vraiment à l'enquête effectuer par leur journal. Même, Joseph Facal (oui, un partisan de Marois) écrit un billet favorable au renforcement de la loi 101.

L'influence du "Plus grand quotidien français d'Amérique" est remarquable. Sa capacité à faire tourner un débat mérite d'être soulignée. Je répète, c'est la seule publication au Canada qui peut autant influencer un débat dans un si bref lapse de temps. Malgré la popularité du Journal de Montréal, au Québec c'est La Presse qui dicte l'agenda politique.

lundi 14 janvier 2008

Le rapport David Johnston... et des réactions

Vendredi dernier, David Johnston a remis son rapport avec ses récommendations pour régler la question Murloney-Schreiber.

On peut trouver les réactions officielles des libéraux et du bloc. Rien sur les sites du NPD et des conservateurs.

Radio-Canada offre un bon résumé des questions que la "future" commission d'enquête, c'est-à-dire une fois que le comité parlementaire termine ses travaux (jamais), aura à répondre:

Le mandat de la future commission d'enquête n'a pas encore été défini, mais David Johnston propose de ne pas revenir sur des allégations qui ont déjà fait l'objet d'une évaluation par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), dont l'affaire Airbus.
La réaction du NPD (Mulcair) peut se trouver sur le blogue de Kady O'Malley.

Un pétard mouillé?

Stephen Harper et les femmes

Le Pommier a déjà écrit sur les attaques de Kim Campbell contre le gouvernement Harper et son absence notable des femmes.

Chantal Hébert reprend les mêmes critiques et arrive à cette conclusion:

Des sondages révèlent que le Parti conservateur de Stephen Harper a actuellement un sérieux déficit par rapport au PLC de Stéphane Dion auprès de l'électorat féminin. Le premier ministre ne fait rien pour s'aider. Comme le notait la semaine dernière Kim Campbell, le peu d'intérêt que manifeste le Parti conservateur à l'égard de la place des femmes au sein de son gouvernement frise le mépris. De toutes les tendances qui font surface à la faveur de la campagne à la présidence américaine, ce n'est pas tant la soif du changement que la mobilisation grandissante des femmes qui aurait de quoi inquiéter Stephen Harper si cela devait faire boule de neige au Canada.

300 000 $

Yves Boisvert trace une comparaison intéressante entre John A. et Brian Mulroney. Il relève plusieurs similitudes entre le deux premier ministres conservateurs, notamment leurs liens avec des étrangers qui ont des liens avec des compagnies de transport, les accusations qu'ils auraient acceptés des pots-de-vin... qui totalisaient tous les deux 300 000$.

Voici un extrait:

Macdonald, devant la commission d’enquête, rejeta le blâme sur Cartier, contre qui il existait plus de preuves directes – des télégrammes et des reçus. Cartier était mort à l’été 1873.

Là-dessus, du moins, la commission avait l’avantage de travailler avec des preuves matérielles claires des transactions, ce que n’aura pas la commission qui se penchera sur les relations Schreiber-Mulroney…

Mais il ne faisait aucun doute que Macdonald était dans le coup et qu’il avait reçu sa part pour ses fonds d’élection (45 000 $ contre 85 000 $ pour Cartier, des sommes gigantesques pour l’époque).
Indirectement, Boisvert arrive à la conclusion que Mulroney est coupable. Intéressant quand même.

vendredi 11 janvier 2008

En attendant Johnston

C'est aujourd'hui que le conseiller indépendant, nommé par le Premier ministre Harper pour enquêter sur l'affaire Mulroney/Schreiber, soumettra ses recommandations.

Verra-t-on un troisième ancien premier ministre critiquer Stephen Harper dans l'espace d'une journée?

Et de deux!

Ce n'est pas à tous les jours que deux anciens premiers ministres critiquent publiquement le Premier ministre actuel.

Sur la photo ci-haut, on retrouve quatre des six anciens premiers ministres toujours en vie. Pouvez-vous identifier les deux qui se sont pris à Harper... la même journée?

Réponses : Ici et ici.

jeudi 10 janvier 2008

Une aide (pas si) urgente

Le secteur forestier est en crise. Stephen Harper annonce une aide de un milliard de dollars... à la condition que le prochain budget soit adopté. Le budget devrait être déposé au mois de mars.

La durée de vie d'un gouvernement minoritaire varie généralement entre 18 et 24 mois. Ça fait déjà plus de deux ans que Harper gouverne et plusieurs s'attendent à ce que l'opposition défasse le gouvernement au dépôt du prochain budget (ou avant). L'idée de mettre une telle disposition, sur laquelle des milliers de travailleurs dépendent, conditionnelle à la survie du gouvernement minoritaire fait preuve de petite partisanerie de la part du Premier ministre.

Je comprends la logique du Premier ministre. S'il insère cette aide dans le budget, ça va forcer l'opposition à l'appuyer, ou sinon, faire face à l'électorat et devoir expliquer pourquoi ils se sont opposés à des mesures pour les travailleurs. En revanche, en annonçant la mesure deux mois avant le dépôt du budget, il enlève un peu le coup d'éclat qu'il aurait pu susciter en l'introduisant en même temps que le dépôt.

Un travailleur du secteur forestier qui va lire les journaux demain matin verra que le BQ, le PLC et le NPD aimeraient que les mesures soient adoptées immédiatement, tandis que le PC préfère attendre deux mois.

Vendetta

Il y a quelque chose de malsain avec la sortie de Christine St-Pierre, ministre de la Culture et des Communications:

Si jamais Cogeco met la clé sous la porte de TQS, «on va trouver une balle de Radio-Canada près du coeur», a dit Mme St-Pierre, qui a été reporter pendant des années à la société d'État.

La ministre faisait allusion à la décision de Radio-Canada de se désaffilier des stations régionales de TQS à Sherbrooke, Trois-Rivières et Saguenay - ce qui aura pour effet de multiplier par deux les pertes du réseau privé, d'après Cogeco.
La SRC s'est souvent fait critique pour diffuser des émissions américaines, comme Desperate Housewifes, par exemple. Sur ce sujet, on pourrait discuter longuement si Radio-Can répond à son mandat: "être principalement et typiquement canadienne".

En revanche, la critique de la ministre est loin d'être légitime. Si quelqu'un aurait un mandat de "sauver" une télévision privée, ce n'est certainement pas la SRC. Si Radio-Canada a décidé de se "désaffilier", elle est plein droit de le faire. En quoi est-ce la responsabilité de Radio-Can de s'affilier à des chaines concurrentes? D'ailleurs, voici la réponse formulée par Radio-Canada suite à l'annonce de faillite il y a déjà quelques semaines:
TQS exploite des stations affiliées à Radio-Canada dans les régions de Sherbrooke, Trois-Rivières et Saguenay. Elle y exploite aussi ses propres stations TQS régionales, et ce, dans les mêmes immeubles. Au terme de la relation d'affiliation qui unissait les deux parties, Radio-Canada désire établir ses propres stations à compter de 2009, soit dans deux ans seulement, ce qui n'affecte en rien la viabilité de TQS maintenant.
Si la ministre est si préoccupée par la fermeture (probable) de TQS, rien ne l'empêche de présenter un plan pour dépanner la chaine. En revanche, la ministre respecterait peut-être plus son propre mandat en se concentrant sur le financement de Télé-Québec.

Une dernière note sur la sortie de St-Pierre. Avant son entrée en politique, la ministre libérale était journaliste à la SRC. Elle avait été relevée de ses fonctions pour trois mois suite à l'envoi d'une lettre au quotidien La Presse demandant au Canadiens d'appuyer la guerre en Afghanistan. Quelques semaines suivant son retour, St-Pierre a fait le saut en politique provinciale.

Évidemment, son expérience à Radio-Canada ne devrait pas l'empêcher de commenter ou de critiquer la SRC. Mais de grâce, lorsqu'elle décide de faire une sortie contre son ancien employeur, elle devrait éviter de faire des analogies sensationnalistes et vide de sens comme "une balle de Radio-Canada près du coeur."

mercredi 9 janvier 2008

Une solution assez simple...

Le secteur forestier est en panne. On parle de "crise forestière". Le Bloc Québécois critique le gouvernement pour ne pas en faire assez. Les provinces attendent Ottawa.


Les Conservateurs annonceront un plan vendredi - une date complètement choisie au hasard et qui n'a rien à voir avec les recommandations de Me Johnston - pendant la rencontre avec les premier ministres des provinces.

Voici ce que Manon Cornellier écrit ce matin dans Le Devoir:
Du coup, ils nous ont rappelé qu'Ottawa avait décidé d'abandonner cinq milliards par année de marge de manoeuvre en échange de résultats économiques douteux. Ces milliards auraient pu avoir un effet plus positif sur l'économie s'ils avaient servi à venir en aide aux secteurs en difficulté. Exactement ce que demandaient les provinces, le Québec en particulier, à la veille du minibudget de cet automne, ce qu'elles n'ont pas obtenu.
Et voici ce que Mario Dumont attend:
Le chef de l'ADQ espère que, dans la foulée de cette annonce, Jean Charest saura profiter de la rencontre de vendredi pour obtenir pour le Québec « sa juste part » de la manne financière espérée. Le Québec, rappelle-t-il, compte pour le tiers des emplois forestiers au pays.
Il y a pourtant une solution bien simple qui permettrait à Québec de présenter son propre plan pour amortir l'impact de la crise forestière. Québec pourrait récupérer un point (ou deux) coupé de la TPS et la transférer à la TVQ.

Curieusement, seule Pauline Marois serait peut-être, possiblement, en faveur de cette idée.

mardi 8 janvier 2008

Frénésie au New Hampshire

La participation aux primaires du New Hampshire atteint des sommets. Au point où des bureaux de scrutin manquent de bulletins de votes et doivent les emprunter à d'autres bureaux. Le gouverneur du New Hampshire prédit une participation record. Du côté démocrate, les sondages donnent tous Obama gagnant par 5-10 points, mais on peut croire que la participation massive lui sera d'autant plus avantageuse. Chez les Républicains, McCain devrait l'emporter vu sa popularité chez les électeurs indépendants, mais Mitt Romney le talonne. La campagne de Clinton est réputée à cours de fonds et réévaluera sa stratégie suite à la défaite de ce soir. Elle se dirige vers un défaite au Nevada ainsi qu'en Caroline du Sud, toujours selon les sondages. Son avance de 20 points dans les sondage nationaux a fondu comme neige au soleil. Suivez les résultats en temps réel sur http://www.politico.com/ et renseignez vous sur le processus des primaires ici.

L'intégrité de Stéphane Dion

David Orchard est surtout connu pour son "pacte" avec Peter MacKay en 2003. À l'époque, les deux hommes étaient candidats à la chefferie du Parti conservateur progressiste du Canada. Après le premier tour, Peter MacKay recueillait environ 40% et Orchard 25%. Les autres candidats dans la course on commencé à se rallier afin de battre Peter MacKay. De son côté, Orchard était largement isolé, malgré une base solide.

Après deux autres tours, MacKay et Orchard n'avaient pas avancé, tandis qu'une alliance
menée par Jim Prentice commençait à rattraper le meneur. C'est alors que MacKay a approché Orchard pour recevoir son appui. Ils ont signé (oui, vraiment signé devant les caméras) un contrat stipulant que le Parti conservateur progressiste ne s'allierait pas avec l'Alliance canadienne. Moins d'un an plus tard, Peter MacKay a tourné sa veste en créant le Parti conservateur avec Stephen Harper.

***

Après s'être battu longtemps contre le nouveau Parti conservateur, Orchard a décidé de se joindre au Parti libéral du Canada. En 2006, il a appuyé la candidature de Stéphane Dion à la chefferie du PLC.

En décembre 2006, Orchard a "livré" la marchandise en menant un groupe de 150 délégués. Un rappel que Dion et Kennedy s'était entendu à s'appuyer en décidant avant le vote que celui qui terminerait derrière l'autre se retirerait. Suite au premier tour, Dion a terminé devant Kennedy par deux délégués.

***

En 2007, Orchard présente sa candidature pour la nomination d'un comté saskatois. Largement favori de remporter la nomination, Dion annonce, par voie de communiqué, que Joan Betty serait candidate dans Desnethe-Missinippi-Churchill River, évitant ainsi une victoire probable du candidat.

Joan Betty, ancienne ministre provinciale du dernier gouvernement néodémocrate, est autochtone et le comté en question est chaudement contesté entre les libéraux et les conservateurs. En 2006, les libéraux ont remporté le siège.

Ralph Goodale, le ténor saskatois du Parti libéral s'opposait à la nomination de David Orchard.

Malgré ses positions "distinctes", dont son opposition à l'ALÉNA et au régistre des armes à feu, il ne fait aucun doute que sans Orchard, Dion n'aurait jamais été chef du PLC aujourd'hui.

La réticence de permettre à David Orchard de représenter les libéraux dans un comté est difficile à comprendre. Si ses positions sont si extrêmes, ne l'étaient-elles pas aussi le 4 décembre 2006 lorsqu'est venu le temps de choisir le nouveau chef du PLC?

Peu importe ce qu'on pense de Stéphane Dion et de son objectif d'avoir plus de femmes au Parlement, sa façon de faire avec David Orchard va justement miner son plus grand atout: son intégrité.

Les Canadiens ne sont pas Républicains

Selon ce sondage effectué par la Presse canadienne:

...tous les Canadiens qui sont au centre ou à la gauche du spectre politique s'alignent derrière les Démocrates. Peut-être plus surprenant, on constate que le Parti républicain serait défait même dans des élections hypothétiques où seuls les conservateurs canadiens voteraient.
Malgré les résultats du sondage... Il y a au moins une publication canadienne qui favorise un Républicain à la présidence. Pouvez-vous devinez laquelle?

vendredi 4 janvier 2008

Des éloges et des silences pour André Boisclair

Dans la quasi totalité des revues de l'année, le nom de l'ancien chef péquiste n'a pas été mentionné. Son passage au PQ est devenu quasiment mythique. Même les humoristes du Québec étaient dociles à son endroit. RBO? Silence. Les Zapartistes? Assez positifs. Infoman?
Presque rien.

Curieusement, celle qui a déjà eu des problèmes légaux avec l'ancien chef du PQ est probablement la plus élogieuse à son endroit:
Mais oublions cela. Il y a une chose qu'André Boisclair a faite, ou plutôt qu'il n'a pas faite. C'est le seul chef de parti québécois qui ait refusé de jouer la carte ethnique et de s'accrocher au char de Hérouxville.
Quand cette absurde croisade basée sur la surexploitation d'incidents mineurs (dont certains étaient de pures fabrications) a atterri dans l'opinion publique, M. Boisclair s'est sobrement contenté d'en minimiser l'importance objective; il a judicieusement signalé que les cas montés en épingle n'avaient rien à voir avec le concept juridique des accommodements raisonnables; dans une intervention dépourvue de sens politique mais logique, il a mentionné que le crucifix n'avait pas sa place à l'Assemblée nationale.

Tout au long de la campagne, il a mis de l'avant la solution la plus rationnelle: que l'administration publique se donne des directives claires pour éviter les dérapages. Quand Jean Charest a appuyé l'arbitre qui avait interdit à une fillette en hijab de participer à un match de soccer, encore une fois M. Boisclair a eu le bon réflexe: ce n'est pas à l'État, encore moins à un premier ministre, de se mêler de la tenue vestimentaire des gens qui participent à des tournois privés.

Ces positions l'ont desservi politiquement, mais c'est tout à son honneur que d'avoir refusé d'embarquer dans ce ballet malsain. M. Boisclair, lui-même membre d'une minorité qui souffre encore de discrimination, avait toujours été ouvert aux minorités, respectueux de l'expérience immigrante et partisan de la diversité. Durant cette campagne qui allait précipiter sa chute, il est resté fidèle à ses valeurs.
En quelques mois, une position comme celle sur le crucifix est passé de gaffe monumentale à jugement rationnel. Malgré ce que dit Gagnon, je ne sais pas si l'idée de retirer le crucifix serait aussi populaire aujourd'hui. Il semble y avoir eu une polarisation des idées depuis quelques mois, me laissant croire que cette même proposition gagnerait probablement plus d'appuis qu'on pourrait le croire. Même le Maire de Huntington est en faveur de retirer le crucifix.

Malgré un certain retrait "positif" de la vie publique, un élément continue à revenir. Son homosexualité. Pendant la "revue de l'année" des Zapartistes, la seule "critique" faite à l'endroit de Boisclair aura été qu'il n'a pas voulu assumer son homosexualité. Dans la chronique de Gagnon, elle suggère que sa place est à Montréal et non au reste du Québec. Pourquoi serait-il mieux à Montréal?

Tout au long de la campagne, on entendait des références au fait qu'il soit trop "cosmopolite", trop "Montréalais" ou même par certaines personnes moins "politically correct", trop homosexuel pour diriger le Québec.

Boisclair n'a jamais fait de la politique sur son homosexualité. Contrairement à Barak Obama ou Hillary Clinton, la question n'a jamais été tourné à son avantage, en partie parce qu'il a toujours refusé d'être associé au mouvement gay.

On disait souvent que Boisclair était le politicien typique. "Trop politicien." "Langue de Bois-clair." "Politicien de carrière." Avec un peu de recul, c'est difficile de le qualifier ainsi.

jeudi 3 janvier 2008

Réforme du mode de scrutin


(Hier) - Bernard Descôteaux du Devoir publiait un éditorial en faveur d'une réforme du mode de scrutin au Québec. Un édito fort intéressant qui défait le mythe de la stabilité offerte par le système parlementaire britannique:

"17 élections fédérales que nous avons eues ces 50 dernières années, qui nous ont donné huit gouvernements minoritaires."
Andrew Coyne a présenté un argument semblable lorsqu'il militait en faveur de la réforme du mode de scrutin en Ontario:
"Even Italy and Israel are not as unstable as supposed. Fun fact: which country has had the most national elections since 1945, Israel, Italy or Canada? Answer: Canada."

mercredi 2 janvier 2008

Différence culturelle?

La Presse, Le Devoir et Le Journal de Montréal n'ont pas publié depuis le 31 décembre.

Le Globe and Mail, le National Post et le Toronto Star publient depuis le 1er janvier.

Comment expliquer cet écart? Deux solitudes? Différence culturelle? Code du travail? Les conventions collectives?

Jeffrey Simpson l'influant

Jeffrey Simpson, chroniqueur au Globe and Mail et à La Presse, est en mesure, à lui seul, de forcer un concensus.

Souvent désigné comme le "chroniqueur le plus influant du Canada", Simpson est peut-être même le chroniqueur canadien le plus influant à l'étranger. Depuis quelques années, Jeffrey Simpson participe à la revue "The World in" du magazine "The Economist". Dans ce billet annuel, Simpson fait des prédictions et annonce à toute l'Anglosphère la direction que prendra le Canada en 2008.

Voici les deux thèses principales défendues dans son analyse, l'Afghanistan et l'environnement:

Canada will decide in 2008 to withdraw its 2,300 troops from Afghanistan’s troubled Kandahar province. Some or all might be deployed in a less violent part of Afghanistan before their two-year mission ends in 2009. But they are not staying in Kandahar, where more Canadians have been killed or wounded than in any operation since the Korean war.

Canada ratified the Kyoto protocol on climate change, and then compiled the worst emissions record of those countries that accepted the protocol.These days, however, politicians can’t paint themselves and their parties green enough, fast enough. Even Mr Harper, a renowned climate-change sceptic, has become a convert, although he lacks much passion in talking about the challenge, which leads his critics to wonder about the sincerity of his commitment.
Dans le même billet, Simpson déclare qu'il n'y aura pas d'élections en 2008.

Sceptiques? Vous n'êtes pas les seuls.

Simpson l'est aussi. Voici ce qu'il écrit par rapport à ceux qui s'aventurent à faire des prédictions: "Those who are asked to gaze into crystal balls usually wind up eating broken glass. Therefore, any predictions about 2008 have about them all the assurance of the Toronto Maple Leafs' grasp on third-period leads."

Mise-à-jour: Dans l'édition du 2 janvier du Globe and Mail, Simpson fait un bilan de ses "erreurs" en 2007:

Oops. Another year slipped by; so did a few ... ahem ... errors