La colonne à Francis

mardi 12 février 2008

Le guérillero de Trois-Pistoles et la politique comparée



Victor-Lévy Beaulieu (wiki) a appuyé l'ADQ aux dernières élections. Aujourd'hui, il revient faire la leçon au PQ en s'attaquant à Pauline Marois. L'écrivain québécois en a contre la récente proposition de la chef péquiste. Sa lettre d'opinion, publiée dans Le Devoir et intitulée La traitrise de Pauline Marois, se termine ainsi:

"Il m'apparaît donc urgent que le Parti québécois, à défaut de nous débarrasser de Pauline Marois la traîtresse, la soigne de sa schizophrénie galopante. Il m'apparaît aussi urgent que les Québécois francophones, par tous les moyens possibles, livrent à Mme Marois une guerre sans merci, à défaut de quoi on va finir par s'ennuyer amèrement de Gilles Duceppe et, qui l'eût pensé, même d'André Boisclair!"

Son champ sémantique, il me semble, est celui de la guérilla. Le maillon le plus original - pour le moins qu'on puisse dire - de son argumentaire est la comparaison qu'il trace entre les situations linguistiques québécoise et tibétaine. Soit le Québec suivra la voie des ex-républiques soviétiques (c-à-d qu'il quittera l'empire qui l'empêche de s'épanouir dans sa langue) et rejettera les idées coloniales de Pauline Marois; soit il subira le même sort que le Tibet, selon Beaulieu. Samedi, Michel David disait ceci à propos de la proposition de Marois:


"En politique, le sens du timing est une qualité essentielle. Une bonne idée émise au mauvais moment peut devenir une très mauvaise idée. Pauline Marois ne mesure peut-être pas l'étendue des dommages causés par son plaidoyer en faveur du bilinguisme dans l'entrevue qu'elle a accordée au Devoir en début de semaine."
(source photo: fpjq.org)

vendredi 8 février 2008

Premier retour sur un débat en cours

Toujours au sujet de la langue, voyez ce commentaire d'Alain Dubuc intitulé La «game». Dubuc y décrit une généalogie du récent débat linguistique qui rejoint en plusieurs points le contenu de trois de mes billets précédents:

- La langue sur la table: PLQ vs. PQ
- La langue en Stastny-stiques
- Le splish-splash de Pauline Marois

Notez qu'Alain Dubuc traite d'un thème que je n'ai pas abordé, soit la perte de contrôle de Pauline Marois sur le message linguistique projeté par le PQ. Par contre, Dubuc omet un sujet que je crois nécessaire à l'analyse de l'émergence du débat linguistique: l'effet de la couverture éditoriale massive qu'ont accordée La Presse et Le Devoir au dialogue sur la langue engendré par les sorties de la chef péquiste. Il ne fait aucun doute que le débat aurait pris une forme moins publique si les commentateurs politiques de La Presse ne s'étaient pas si agressivement et si tôt prononcés contre les propos de Marois. À cet effet, (re-)lisez Blitzkrieg lapress-ienne contre Marois et Le splish-splash de Pauline Marois.

Pour vous mettre à jour sur les positions linguistiques (officielles) actuellement promues, voyez, pour le PLQ, Coup de barre pour le français, et pour le PQ, A History of the Conquest et Marois veut des élèves bilingues.


(source photo: ledevoir.com)

mercredi 30 janvier 2008

La langue sur la table: PLQ vs. PQ



Il devient de plus en plus clair que le Québec n'échappera pas à un nouveau débat linguistique. Pour l'instant, l'imbroglio ne porte que sur l'interprétation à donner aux statistiques, mais déjà La Presse et Le Devoir lui consacrent une couverture éditoriale considérable.


Qu'est-ce qui permet, outre la couverture médiatique, de prévoir le retour d'un débat portant sur la langue? Le simple fait que "la protection du français" constitue sans doute le meilleur cheval de bataille que le PQ puisse enjamber dans la situation tripartite actuelle. Le cheval de "la protection de l'identité", d'élevage adéquiste, n'enchantait guère le PQ, qui préfère promouvoir l'idéal d'une société plurielle et moderne. Mais en insistant sur la fragilité du français en Amérique du Nord, Mme Marois peut espérer rallier une bonne partie de l'électorat péquiste du temps où l'ADQ était marginal. Et du coup, le thème de l'identité devient corollaire; l'élection de Mme Marois: probable.

En effet, comme la protection du français est un thème largement identifié au PQ, la recrudescence du débat linguistique ne peut qu'avantager Mme Marois, puisque l'électorat qui est susceptible de trouver convaincant un discours reprenant la thématique linguistique se divise actuellement principalement entre l'ADQ et le PQ. Les groupes qui craindraient un renforcement de la loi 101 sont quant à eux déjà dans le camp du PLQ. D'opinion contraire, Michel C. Auger écrivait la semaine dernière que Mme Marois a tort de parler de langue alors que l'économie devient la préoccupation principale des Québécois, mais son analyse semble reposer sur des prémisses qui prévalaient à l'époque de l'Assemblée bipartite.

Comment le PLQ peut-il se défendre contre ce nouveau discours? Peut-être en accusant Mme Marois d'un mélange de malhonnêteté intellectuelle, de petitesse politique, d'incompétence et de soumission aux éléments plus radicaux du PQ. Déjà-vu? (... Charest vs. Dumont, Charest vs. Boisclair...) Peut-être, sauf que cette fois le PQ est plus uni et donc apte à défendre son chef. Et l'image publique de Mme Marois est loin d'être aussi malléable que celle de MM Dumont et Boisclair. De plus, la thématique linguistique est bien ancrée dans notre culture politique et recevra par conséquent une attention particulière. Il suffirait à Mme Marois de présenter une politique linquistique bien ficelée pour saisir toute l'attention médiatique, mettre Jean Charest sur la défensive, et créer une impression d'urgence qui diminuerait l'importance relative des questions d'ordre économique. Autrement dit, une défense libérale ne misant que sur l'image de la chef péquiste paraît dangereuse parce qu'elle pourrait laisser le temps à Mme Marois de mettre sur rail un train que les libéraux pourraient ne plus savoir rattraper.

C'est dans cette optique que je lis le dernier éditorial d'André Pratte, où celui-ci propose la création d'un Ministère (provincial) de la Population, qui "regrouperait les activités du ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles à celles de la partie «famille» du ministère de la Famille et des Aînés et au volet «application de la Charte de la langue française» du ministère de la Culture."


Le titulaire du nouveau portefeuille devrait avoir fait ses preuves par sa rigueur, sa modération et sa capacité à gérer les crises. Philippe Couillard? Michelle Courchesne? Line Beauchamp?


La création de cette nouvelle entité n'empêcherait en rien le gouvernement d'accorder priorité à l'économie. C'est même le contraire. Le développement économique futur du Québec dépend notamment de l'augmentation de la population. Celle-ci repose sur une hausse du nombre de naissances et sur l'intensification de l'immigration.


Pour que cette dernière ne soit pas vue comme une menace, les mesures en faveur de la francisation des immigrants doivent être considérablement renforcées, tandis que la loi 101 doit être appliquée avec doigté et détermination. Tout cela se tient.


En plus de permettre une action gouvernementale plus forte dans ces domaines, la mise en place d'un ministère de la Population sensibiliserait les Québécois au fait que la croissance démographique est absolument essentielle à leur survie à long terme comme nation originale en Amérique.

Bien qu'André Pratte se soit clairement prononcé contre une récupération politique de statistiques linguistiques incomplètes, son éditorial témoigne de son inquiétude devant la montée de la thématique linguistique. Selon mon interprétation, Pratte estime que la défense libérale devra miser non seulement sur l'image de Mme Marois et sur les thèmes économiques, mais également sur la proposition d'une politique linguistique alternative à celle du PQ. Si Marois dit: "il faut protéger la langue et élire le PQ", le PLQ doit répondre "voici notre plan pour protéger la langue et l'économie" plutôt que "c'est le temps de penser à l'économie alors que Mme Marois ne pense qu'à la langue." De toute évidence, il sera plus facile pour le PLQ de promouvoir une image négative de la chef péquiste si celle-ci doit défendre 'un plan péquiste de protection du français' contre 'un plan libéral de protection du français dans une perspective de croissance économique' que si elle doit défendre 'le français' contre 'la croissance économique'. Si le PLQ a à craindre le départ du train linguistique, mieux vaut qu'il s'y accroche dès maintenant, selon Pratte.


Mais il est à noter que la stratégie promue par André Pratte n'est pas la seule envisageable pour le PLQ. Si le diagnostic que je trace est juste, le Premier Ministre pourrait également faire équipe avec Mme Marois pour régler la question avant les prochaines élections et couper l'herbe sous les pieds du PQ. Cette stratégie, appelée triangulation (wiki), a été utilisée par Bill Clinton comme par François Mitterand dans des situations où leur survie politique en dépendait. Avec la bonne dose de spin, elle est généralement couronnée de succès électoral. Il n'est pas exclu, non plus, que Jean Charest décide d'essayer d'imposer ses propres thèmes et de mettre le couvercle sur le débat linguistique: dangereuse stratégie qui laisserait beaucoup de latitude à Mme Marois.




(source photo: editionsvp.fr)

vendredi 25 janvier 2008

La langue en Stastny-stiques

Voilà ce qui est également caché à la population» dans l’aveuglante clarté des études démo-linguistiques. Le réel succès des politiques linguistiques québécoises. - Yves Boisvert


En lien avec ma note de la semaine dernière Le splish splash de Pauline Marois (qui fut soit dit en passant publiée dans LeDevoir du 19 janvier sous forme de lettre), je conseille L'autre secret sur le français d'Yves Boisvert. Le chroniqueur juridique de La Presse y explique clairement la signification de différentes statistiques citées dans le cadre du récent débat sur notre politique linguistique. Il traite également des accusations portées à l'endroit du gouvernment Charest suite au retard dans la publication de certains rapports.


(source photo: sportsencyclopedia.com)

mercredi 23 janvier 2008

Pot-pourri: Gaza, et caetera

(source photo: boston.com)

Quelques petites nouvelles:
* Le Devoir publie un aperçu du rapport Castonguay. On dit:

Il y a tout lieu de se surprendre que les trois membres de la commission aient pu surmonter leurs différences idéologiques pour arriver à signer un rapport unanime.(...)

Le groupe de travail s'est largement inspiré des expériences en Europe, où la population est en meilleure santé qu'au Canada ou aux États-Unis, où elle est plus satisfaite des services reçus et où les soins coûtent moins cher. (...) Michel Venne a cité une étude, commandée par le groupe de travail, qui constate que l'accessibilité des Québécois aux soins de santé est l'une des moins bonnes du Canada, déjà dans le peloton de queue à cet égard parmi les pays développés.

* En Palestine, des dizaines de milliers de gens se sauvent de la bande de Gaza après avoir fait tomber le mur qui sépare le territoire de l'Égypte. Une proportion d'entre eux revient après un tour à l'épicerie. (regardez les photos et voyez les liens à droite)

* Aux États-Unis, Ron Paul, le candidat libertarien à l'investiture républicaine, reçoit l'appui de Jane Roe (wiki), qui s'était rendue en Cour Suprême des États-Unis pour défendre le droit à l'avortemet. Jane Roe s'est depuis ralliée au mouvement pro-vie.

* Dans la campagne à l'investiture démocrate, John Edwards laisse sous-entendre que ses relations avec Clinton et Obama se sont un peu détériorées > dans une entrevue télé à David Letterman.

* Par contre, cette photo laisse penser que dans l'fond, y s'aiment ben. Photo du jour, prise lundi:

* Les néo-démocrates dévoilent le nom d'un premier candidat québécois high profile. Il s'agit de Cheryl Gosselin, professeure à Bishop's dans le département des Women's Studies.

* Dans mon dernier billet, Gilles Duceppe regarde à gauche, je prévoyais que Duceppe se positionnerait à gauche et éviterait de parler de souveraineté à l'occasion d'une éventuelle campagne cet hiver. Aujourd'hui, Michel C. Auger écrit que le PQ fait une erreur en parlant d'identité et de loi 101 alors que l'économie devient la préoccupation principale des Québécois. Il prédit conséquemment la survie du gouvernement Charest au-delà de la session parlementaire. Le tout dans le cadre d'une discussion théorique sur les effets qu'une récession peut avoir sur un gouvernement.

* Inutile de vous suggérer des liens à propos du rapport Manley sur l'Afghanistan. On en parle partout. Manon Cornellier propose une analyse originale aux abonnés du Devoir.


(source photo: thePolitico.com)

samedi 19 janvier 2008

Gilles Duceppe regarde à gauche


"La thématique et la stratégie sont prêtes" dit Gilles Duceppe.
Tout indique que nous nous dirigeons vers une élection fédérale avant l'été. Gilles Duceppe a laissé entrevoir sa stratégie électorale "à l'occasion d'une journée de formation" pour députés et militants. Il semble que la souveraineté aura une place bien maigre dans son arsenal discursif au cours des prochains mois. Vous vous en convaincrez peut-être en visionnant l'entrevue qu'il a accordée à Patrice Roy le 18 décembre. (Voyez le Téléjournal du 18 décembre et avancez à la 28è minute.)

Plutôt que de chercher à mettre la main sur le vote nationaliste, qui s'est en partie déplacé vers le Parti Conservateur (Et non sans cause! Prenez-en pour preuve la réaction conservatrice aux récents propos de Justin Trudeau) Gilles Duceppe se postionnera comme chef d'un parti d'opposition de gauche. Avec la relative faiblesse des libéraux et des néo-démocrates au Québec, c'est le terrain le plus fertile à l'horizon. Tant que Jack Layton et Stéphane Dion ne se déferont pas de l'étiquette centralisatrice, le Bloc aura beau jeu de se présenter comme le seul grand parti de gauche respectueux des aspirations québécoises. Comme les québécois ont davantage à reprocher à Stephen Harper sur le plan de la politique environnementale, économique, culturelle que sur le plan des relations fédérales-provinciales, cette stratégie est la seule qui permette au Bloc d'espérer rester en mode offensif durant la campagne.

Évidemment, cette position ne demeurera pas aussi confortable très longtemps. Il suffirait d'un Michael Ignatieff à la tête des libéraux pour de nouveau remettre en question la pertinence du Bloc. Mais Gilles Duceppe ne s'est jamais opposé à des thèmes de campagne à espérance de vie limitée - pensez aux deux dernières campagnes... Notez que Duceppe fixe la barre à 38 sièges pour demeurer à la tête du Bloc.

Dans une perspective où l'on pourrait voir plusieurs gouvernements minoritaires se succéder à Ottawa, ce repositionnement devrait, pour un temps, rendre le Bloc plus "vendable" comme allié parlementaire au Canada anglais. Pour l'instant, that's where the Bloc stands. Et il ne devrait pas bouger à moins d'une montée libérale ou néo-démocrate au Québec.
(source photo: viewimages.com)


vendredi 18 janvier 2008

Nazis, Scientologie, Tom Cruise et la bombe atomique

Deux liens web:
Premièrement, voyez cette vidéo en anglais où Tom Cruise parle de la Scientologie (wiki). Il s'agit d'une vidéo présentée en exclusivité sur Gawker.com. Le site prétend qu'elle démontre l'endoctrinement dont Cruise ferait l'objet. Quand la science s'intéresse à la religion, l'effet est généralement libérateur. Mais quand la religion se base sur des théories scientifiques, l'effet est immanquablement l'essentialisation à l'extrême de l'expérience humaine, comme en fait foi le témoignage de Tom Cruise.

"If you're a Scientologist, you see life, you see things the way they are. In all its glory, its complexity. (...) So it's our responsibility to educate, to create the new reality." -TC

L'intérêt de mettre en ligne ce lien est de permettre une plus vaste consultation de la vidéo, dont la diffusion est très limitée.
(P.S. Voyez cette entrevue avec l'auteur du livre en question.)

Deuxièmement, en suivant ce lien vous découvrirez que les nazis auraient développé la bombe atomique bien avant que les Américains ne bombardent Hiroshima, mais qu'ils auraient choisi de ne pas l'employer.

(Pourquoi un champignon?)



mercredi 16 janvier 2008

Le splish-splash de Pauline Marois


Celle-là, Mme Marois, comme dirait votre prof d’anglais: «I don’t get it», d'écrireYves Boisvert
Il semble que Pauline Marois ait décidé que la paix linguistique peut être sacrifiée au nom de gains électoraux.

Statistique Canada doit publier les données sur la langue au travail issues du dernier recensement dès ce printemps, mais Mme Marois a choisi de cogner sur le clou de la langue sans les attendre, profitant de la vague créée par une étude douteuse (voir dossier) du Journal de Montréal. Il est évident que Marois espère ainsi s'identifier auprès des électeurs comme la chef qui prend la protection du français le plus à coeur. Mais il est malheureux que Mme Marois s'achète cette étiquette en empruntant la voie facile: celle de la division. Tout comme dans le cadre du débat sur la citoyenneté, la chef péquiste choisit d'attirer l'attention sur ses préoccupations en jetant un pavé dans la mare sans s'inquiéter du fait que le pavé se désintègre au contact de l'eau. Ce sont, il semble, les vagues qui l'intéressent.

Certes, Marois répond à un impératif stratégique, mais il eut été plus magnanime (ou responsable... ou honnête...) d'y répondre avec un projet de loi sérieux fondé sur des données crédibles. La qualité des femmes (et des hommes) politiques se mesure à leur capacité à remplir de manière concomitante des objectifs politiques - au sens noble du terme - et des objectifs stratégiques; ainsi qu'à leur refus de soumettre le bien commun aux intérêts partisans. Mme Marois a choisi la rhétorique divisive devant la paix linguistique, et cela sans avoir démontré que le débat linguistique mérite d'être ré-ouvert. En d'autres termes, Madame Marois divise pour régner sans avoir fait la démonstration que la division a des effets louables au-delà de son règne. Le PQ d'abord; le tissu social ensuite.

On ne devrait pas se surprendre du fait qu'Yves Boisvert, Vincent Marissal et André Pratte (tous trois de Cyberpresse) dénoncent Marois à l'unisson:
Des vagues, direz-vous?
Elle ne pouvait espérer mieux?

Toujours est-il que Madame Marois s'éloigne petit-à-petit de l'idéal de René Lévesque, qui aurait par ailleurs sans doute préféré une partie de poker avec M Charest à une partie de splish splash avec M Dumont. Alors que Lévesque se tiraillait avec son parti sur des questions de fond pour protéger ce qu'il percevait comme le bien commun des québécois, Mme Marois tiraille le bien commun pour protéger son parti sans considération pour le débat de fond.


(source photo: renartleveille.wordpress.com)


samedi 12 janvier 2008

Chalk River: Vladimir ou la démission?



André Pratte, Manon Cornellier et Michel David consacrent tous trois leur chronique du samedi à l'affaire Chalk River. Selon Michel David, le ministre conservateur Gary Lunn (wiki) a commis une erreur plus grave que celle qui a mené à la démission de Jean Charest en 1990.
*

Manon Cornellier explique en termes on ne peut plus clairs en quoi le ministre Lunn s'est mis dans une position intenable:
*

"L'affaire du réacteur de Chalk River a rebondi quand on a appris que le ministre des Ressources naturelles, Gary Lunn, menaçait la présidente de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), Linda Keen, de renvoi pour ne pas avoir obéi à ses ordres."

*
Cornellier explique également en quoi la rhétorique partisane du Premier Ministre Harper l'a mis dans une situation embarrassante. André Pratte réagit plus fortement à l'attitude du Premier Ministre dans ce dossier et intitule son éditorial Vladimir Harper, puis fait référence à "l'autoritarisme" de Vladimir Poutine.
*


(source photo: garylunn.com)




Samedi 5 janvier 2008

Barack Obama vs. Hillary Clinton

Obama 38%; Edwards 30%; Clinton 29%;


Les résultats des caucus de l'Iowa ont mis Barack Obama à l'avant-scène de l'actualité médiatique. Bien que Hillary Clinton mène par quelques points dans les derniers sondages au New Hampshire, le prochain état à tenir des primaires, il ne lui reste que 4 jours pour ralentir une tendance qui semble très lourde. Cette tendance promet de prendre de l'ampleur avec la visibilité que reçoit dorénavant le sénateur de l'Illinois. Si Obama gagnait au New Hampshire mardi, il serait en excellente position pour la primaire de la Caroline du Sud du 26 janvier, où les Afro-américains forment une partie importante de l'électorat démocrate. Ces trois victoires lui conféreraient une avance difficilement surmontable. (Voyez son discours de victoire avec les commentaires de Richard Hétu.)

On comprend mieux pourquoi la campagne Clinton semble perdre le Nord malgré une avance nationale qui semblerait confortable en d'autres circonstances. D'autant plus que le camp Obama a su imposer le thème du changement, dont l'appeal a eu raison de la majorité des autres candidats. Clinton, qui a voulu un (court) temps se présenter comme la candidate d'expérience, semble changer de stratégie à nouveau. Tout cela a eu raison de la cohérence que sa campagne affichait il y a quelques semaines encore.

Alors que les Clinton n'arrivent plus à trouver leur pied dans l'environnement discursif imposé par Obama et Edwards, ces derniers répètent sans broncher qu'il est temps d'élire un président qui n'est pas issu de l'establishment de Washington.

Chez les républicains, les résultats laissent présager une course tout aussi imprévisible. Mike Huckabee, le vainqueur en Iowa, ne pourra pas remporter la primaire du New Hampshire ni récolter la médaille d'argent. Il pourrait même être devancé au troisième rang par Ron Paul, le candidat libertarien qui compte sur le support de nombreux indépendants. Mitt Romney, le richissime homme d'affaire du Massachusetts, doit stopper la montée de John McCain pour demeurer dans la course. McCain est certainement le candidat républicain à l'image la plus solide. Il a également remporté la primaire du New Hampshire devant Bush en 2004. Rudy Giuliani, quant à lui, est en chute libre dans les sondages nationaux comme locaux (New Hampshire, Caroline du Sud, Floride) et les observateurs sont de moins en moins nombreux à croire en la viabilité de sa candidature. En effet, il est difficile d'envisager une remontée pour l'ancien maire de New York à moins d'un attentat terroriste durant les mois à venir. (Voyez sa nouvelle pub sur le terrorisme.) Il menait dans les sondages avec une avance considérable depuis le début 2007.

L'investiture démocrate ira sans doute à Clinton ou Obama. Chez les républicains; Romney, McCain, Giuliani et Huckabee sont tous dans le peloton de tête. D'où l'importance capitale des débats Facebook-WMUR-ABC qui seront présentés en programme double à compter de 19h samedi le 5 janvier, à trois jours des primaires. Une piètre performance - en termes comparatifs - pour Clinton ou Romney pourrait éteindre leurs ambitions présidentielles bien plus tôt que prévu. (Voyez les débats en direct sur ABC. ** Pardon, ABC.com ne présente pas les débats. (???) Il faut creuser jusqu'à WMUR! Le débat.)

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Certains trouveront intéressant cet outil interactif de USA Today. Il vous permet d'identifier le candidat qui conviendrait le mieux à vos préférences. Son interface originale le rend digne de mention.

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Cet article du New York Times traite des habitudes de sommeil des candidats et vous donnera une idée de la pression sous laquelle ils se trouvent. Mardi, John Edwards avait un dernier rendez-vous à minuit. Mercredi, il se levait pour rencontrer des électeurs à 2:15 du matin. Giuliani a été hospitalisé le mois dernier, prétendument à cause de la fatigue.

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Finalement, certains trouveront intéressantes les prédictions des commentateurs, journalistes et stratèges au sujet des stratégies que suivront les candidats au cours des prochains jours. (Tous les candidats, Obama, McCain, McCain encore, Clinton, Clinton encore, Paul, Huckabee, .)

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D'autres préféreront procrastiner devant la bourse des candidats, qui prédit souvent mieux que les sondages les résultats électoraux.

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D'autres encore se réjouiront d'apprendre que la "campagne négative"dans laquelle les Clinton veulent se lancer pourrait vite s'avérer dangereusement contre-productive.

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Voyez mon billet précédant sur les primaires américaines.

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Dimanche 23 décembre 2007

Entre 2007 et 2008

C'est le temps des bilans 2007 et des prédictions pour 2008. Michel C. Auger de Radio-Canada parlait de scénarios électoraux la semaine dernière et propose maintenant un bilan préliminaire du gouvernement minoritaire à Québec. Ses scénarios rejoignent en plusieurs points l'excellente analyse de Denis Lessard sur Cyberpresse. Lessard y traite des circonstances stratégiques auxquelles font face les trois chefs provinciaux ainsi que des scénarios électoraux envisageables. Il révèle que Pauline Marois et Gilles Duceppe se sont rencontrés en secret à la mi-décembre.



Au sujet de la scène fédérale, Patrice Roy dresse un palmarès des événements l'ayant le plus marquée en 2007.



Finalement, Richard Hétu signe un long article décrivant les courses aux investitures américaines où il dresse le bilan des tendances qui se sont dessinées au cours des dernières semaines.



Quelles sont vos prédictions pour l'année à venir?

Encore mieux, quand prédisez-vous que nous aurons un nouveau premier ministre provincial?

Lundi 17 décembre 2007

Qui sera le prochain président américain?

Le 3 janvier prochain, les électeurs de l'Iowa, un état du MidWest américain de 3 millions d'habitants, voteront à l'occasion du premier d'une longue série de caucus et d'élections primaires. Cinq jours plus tard, ce sera aux électeurs du New Hampshire (1.3 millions d'habitants) de se prononcer sur les candidats qu'ils veulent voir dans la course à la présidence. Pour les démocrates, le flambeau passera ensuite...

- au Michigan (15 janvier - 10.1 millions)
- au Nevada (19 janvier - 2.4 millions)
- à la Caroline du Sud (26 janvier - 4.3 millions)
- à la Floride (29 janvier - 17.8 millions)

... puis le 5 février, ce seront 22 états qui tiendront leurs caucus et primaires en même temps lors du fameux Super Tuesday. Le 6 février, il est probable que nous ayons une bonne idée de l'identité des candidats qui remporteront les investitures démocrate et républicaine.

Le caractère démocratique du processus de sélection des candidats des deux grands partis américains impressionne, surtout quand on le compare à certaines de nos courses à la chefferie. Mais si ce processus en est un des plus ouverts au monde, il est aussi un des plus compliqués. Pour vous y retrouver, nous vous proposons quelques liens:

  • YouTube YouChoose vous permet de consulter les vidéos des différents candidats. Vous y verrez certaines de leurs publicités et certains de leurs discours, et vous y trouverez des liens vers leurs sites officiels.

N'hésitez pas à nous suggérer d'autres liens!

Lundi 17 décembre 2007

Bienvenue au Pommier !

L'équipe de LePommier.ca vous souhaite la bienvenue sur son nouveau blogue!

Le projet LePommier.ca vise à terme à créer un site de référence sur la politique québécoise où les internautes trouveront toutes sortes de ressources qui faciliteront la consommation de l'information portant sur la politique au Québec. Éventuellement, LePommier.ca vous présentera des entrevues exclusives avec des acteurs politiques, vous permettra de consulter les sondages ainsi que les communiqués de presse pertinents, commentera sur les chroniques des différents commentateurs politiques québécois et canadiens, et vous donnera accès à des chroniques exclusives.

Le premier objectif qui guide l'équipe du Pommier est de rendre l'information politique de qualité plus accessible. Dans un environnement cybernautique où le commentaire rigoureux est dispersé et séparé par plusieurs clics, nous croyons qu'un site donnant accès aux multiples sources d'information et de commentaire sera plus qu'apprécié.

C'est dans cette optique que nous lançons aujourd'hui notre blogue, qui vous donne accès aux pages des chroniqueurs politiques que nous jugeons les plus pertinents ainsi qu'à nos propres commentaires.

Nous espérons que vous ferez de nous vos courtiers de l'information et nous sommes impatients de lire vos commentaires et suggestions.


- L'équipe de LePommier.ca


Spécial primaires américaines

*** *** VENDREDI 22 FÉVRIER *** ***
McCain et l'adultère: sources et conséquences de la fuite
Peopliser vis-à-vis d'une rock star: les robes de Hillary
Les 16 avantages de la campagne d'Obama
Comment Clinton peut-elle se défendre? (10 stratégies)
***
Au sujet des primaires américaines, voyez nos billets précédents 'Qui sera le prochain président américain?' et 'Barack Obama vs. Hillary Clinton' (ci-bas). Voyez aussi le blogue Cyberpresse de Richard Hétu.
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lundi 14 janvier 2008

300 000 $

Yves Boisvert trace une comparaison intéressante entre John A. et Brian Mulroney. Il relève plusieurs similitudes entre le deux premier ministres conservateurs, notamment leurs liens avec des étrangers qui ont des liens avec des compagnies de transport, les accusations qu'ils auraient acceptés des pots-de-vin... qui totalisaient tous les deux 300 000$.

Voici un extrait:

Macdonald, devant la commission d’enquête, rejeta le blâme sur Cartier, contre qui il existait plus de preuves directes – des télégrammes et des reçus. Cartier était mort à l’été 1873.

Là-dessus, du moins, la commission avait l’avantage de travailler avec des preuves matérielles claires des transactions, ce que n’aura pas la commission qui se penchera sur les relations Schreiber-Mulroney…

Mais il ne faisait aucun doute que Macdonald était dans le coup et qu’il avait reçu sa part pour ses fonds d’élection (45 000 $ contre 85 000 $ pour Cartier, des sommes gigantesques pour l’époque).
Indirectement, Boisvert arrive à la conclusion que Mulroney est coupable. Intéressant quand même.

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